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Portrait d’Emeraude

À propos

Je m’appelle Émeraude Desmet-Buard et je développe une pratique artistique hybride, entre céramique, photographie, poésie et installation. Ce qui m’importe, ce sont les récits souterrains, les mémoires fragmentaires, les matières pauvres ou usées — ce qu’on touche, ce qui persiste, ce qui se tait. Je cherche à faire apparaître ce qui, souvent, ne se dit pas : la trace d’un geste, une absence, une faille, un souvenir.

J’utilise la terre, les draps, la corde, les photographies trouvées ou oubliées. Je fabrique des objets, des surfaces, des dispositifs qui se tiennent quelque part entre l’archive poétique et le monument intime. Dans mes séries Les Travailleuses et Les Dormantes, je m’attache à faire parler les silences, en m’appuyant sur des matériaux chargés de mémoire, de travail et de soin. Il s’agit pour moi de rendre visibles les gestes effacés, les corps oubliés, les mythes féminins contemporains.

La photographie a d’abord été un point d’entrée, mais je l’ai vite étendue au territoire, à la marche, au paysage, au motif du fil, au poids du sol. Je photographie ce qui se dérobe, ce qui est menacé : les plis, les pierres, les présences diffuses. La céramique m’a donné un autre rapport au temps, au feu, à la patience, à la disparition. Elle est aussi pour moi un outil de pensée, de narration et d’engagement écologique.

J’essaie d’habiter l’école d’art autrement. J’ai initié un laboratoire de céramique à l’ENSAPC — un espace de recherche, de transmission et d’expérimentation. Il ne s’agit pas seulement d’apprendre une technique, mais de créer un lieu commun, lent, interdisciplinaire, politique. J’y pense des formes de pédagogies collectives, de partages entre étudiant·e·s, chercheur·se·s, artistes, artisan·e·s.

Mon travail est animé par des questions simples mais profondes : comment transmettre ? que reste-t-il d’un geste ? à quoi sert un fragment ? où habite la mémoire ? À travers ce que je fais, j’essaie de répondre — non pas par des vérités, mais par des formes fragiles, mouvantes, parfois inconfortables. Des formes qui écoutent.

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Parcours

Après un bac littéraire, j’ai suivi plusieurs années d’études entre histoire à la Sorbonne, classes préparatoires à l’EPSAA puis à l’ENSAPC, avant d’y obtenir mon diplôme national d’art (DNA) avec mention en 2024. Ces années ont été fondamentales pour construire une pratique à la fois plastique, critique et sensible.

Parallèlement à mes recherches artistiques, j’ai travaillé avec plusieurs artistes — notamment Juliette Smornolet pour une production aux Archives Nationales de Paris pendant les Nuits Blanches, ou Vincent Ganivet pour un démontage et remontage d’œuvre monumentale. J’ai également été formée à la confection de décors avec Nathalie Bourrillat, et j’ai participé à des ateliers intergénérationnels autour du numérique avec l’association Kocoya.

J’ai développé au fil du temps un socle de compétences techniques que je mets au service de ma recherche : sérigraphie, gravure, céramique, soudure à l’arc, fabrication de lustres, mais aussi travail de matériaux naturels ou de récupération. Je m’intéresse aux techniques lentes, aux gestes qui demandent du temps, à la fabrication comme pensée.

Enfin, mes intérêts personnels nourrissent profondément mon travail : la littérature contemporaine, la philosophie, le théâtre, la photographie de territoire, la chine, la marche, la collecte de récits oubliés, les brocantes, les objets perdus, les paysages traversés.